dimanche 12 avril 2009

BM N° 7645bis : Occis Dans le Thalys - Prolégomènes

Lorsque Boris Corentin parvint enfin à extirper son épaisse carcasse d'entre les badauds agglutinés sur le quai numéro 3 de la petite gare de Kremlin-Herbert, et à monter dans le Thalys arrêté là, vision saugrenue et disproportionnée dans cette petite gare de banlieue, il fut surpris de découvrir sa collègue, Géraldine Hébert, assise dans un compartiment de première classe, engrossée dans une activité jusque là inédite chez elle.

La demoiselle, habituellement fort gironde, semblait s'être métamorphosée en une harpie au teint glauque, et, la tête dans un sac Auchamps, elle vomissait allègrement tripes, boyaux et ce qui semblait être les restes à demi digérés d'un steak tartare.

Corentin attendit patiemment qu'elle veuille bien cesser ses borborygmes. Ça tombait plutôt bien il avait sacrément besoin de reprendre son souffle, même si l'odeur amère et peu amène qui se dégageait des excrétions buccales de sa subordonnée n'incitait pas à inspirer trop profondément.

- Désolée, haleta finalement Géraldine, tout en nouant précautionneusement ensemble les poignées du sac contenant le fruit de ses entrailles. Allez voir aux toilettes du wagon 15 et vous comprendrez, c'est indescriptible.

Corentin, stoïque, s'abstint de lui faire remarquer qu'un demi câpre pendouillait tristement, collé à une mèche de ses cheveux et il se dirigea vers les gogues.

La porte en était entrouverte et un planton un peu verdâtre lui aussi, stationnait à quelques pas de là, le regard décidément tourné vers partout, mais surtout ailleurs que sur le panneau de la porte des toilettes. Pourtant de l'extérieur, rien ne semblait devoir susciter une telle répulsion.

L'odeur peut être.

Boris Corentin soupira et ouvrit d'un geste blasé.  Les latrines n'étaient pas ses scènes de crimes de prédilection.
- Ah oui, tout de même, se serait-il bien exclamé si l'odeur de tripes ne l'avait pas pris au nez, à la bouche et aux oreilles, et si le spectable qui se collait à ses rétines pourtant blasées n'était pas si haut en couleur.

Le pauvre...homme, oui, un homme, dans cet état, on ne pouvait cependant être sûr de rien qui lui servait de macchabée pour la journée, était à genoux sur le sol, le bras droit tordu par dessus son épaule et coincé dans la cuvette. C'est dans cette position saugrenue que quelqu'un s'était vraisemblablement amusé à le massacrer à coup de...

Boris Corentin se pencha légèrement sur le côté droit et regarda l'instrument maculé de sang coagulé mal dissimulé derrière le siège des toilettes.

...masse d'armes.

- Tiens, c'est original, très Croisades... murmura-t-il, avant de prendre sur lui pour dégager la main du corps, toujours coincée dans la cuvette. Il y eu une certaine résistance et Corentin compris pourquoi quand il trouva les doigts bleuis, crispés autour d'un étrange petit appareil.

Il ne prolongea pas sa visite au petit coin plus longtemps, il mit l'objet humide et puant dans un sachet et retourna vers Géraldine.

- Savez-vous ce que c'est ?
- Un iPhone.
- Un quoi ?
- Un iPhone. Un téléphone, mais sans fil. Et en mieux.
- Oh, vous savez, moi et les nouvelles technologies...

( à suivre )

2 commentaires:

Didier Goux a dit…

Bravo, ma nièce, t'es la meilleure ! Je t'embauche...

Nefisa a dit…

Merci ! Et nan merci tonton, c'est gentil, mais j'ai encore 6 chapitres à écrire sur mon futur best-seller (je lole). On en reparle après :p